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Gulliver, par la Troupe Catalyse à la Maison des Métallos, un pas de géant dans le vivre ensemble

  • jochanson
  • 20 juin 2022
  • 2 min de lecture

Gulliver, le dernier voyage – La fin de soi et du monde, proposé à la Maison des Métallos dans une mise en scène de Jean-François Auguste et Madeleine Louarn, interroge avec humour et férocité les bases de ce qui nous fédère et de nos êtres au monde.


Des Voyages de Gulliver, pamphlet de 1721 de l’auteur Jonathan Swift, la Troupe Catalyse retient le troisième voyage, probablement le plus politique et le plus métaphysique. Porté par une Manon Carpentier exceptionnelle de vitalité, de nuances et de présence, les formidables acteurs de ce trip halluciné nous égarent dans des mondes absurdes où le comique tutoie le politique dans une critique acerbe de notre société.


Comme un petit prince découvrant les fondements de la nature humaine, le Gulliver des Catalyses se réfère tout autant à la Modeste proposition du même Jonathan Swift qu’à la truculence et la démesure comique de la première partie du Gargantua de Rabelais. Explorant de fait les façons de se nourrir de matière fécale, le texte satyrique n’est pas sans rappeler le chapitre rabelaisien du « torchecul ». Mais ici chaque situation burlesque est l’occasion d’une critique politique faisant étrangement et férocement écho à notre monde contemporain.


Dans une dernière partie, qui interroge la finitude de l’être humain, la mise en scène emprunte, de manière consciente ou non, à l’esthétique beckettienne tout autant qu’au May B de Maguy Marin, en livrant une réflexion proche de certaines scènes du Peer Gynt d’Ibsen. Ces jeux d’intertextualités et d’échos scéniques viennent enrichir un texte déjà dense et puissant porté par des comédiens hors normes aux présences hypnotiques.


Comme le spectre du père d'Hamlet vient hanter la pièce éponyme, les morts de Swift viennent hanter les tréteaux. Si le théâtre est le seul art à faire vivre les morts, la Troupe Catalyse s'empare de cette étrangeté pour convoquer les fantômes de Brutus ou Napoléon en vue d'une réflexion souriante et profonde. Tout l'art de cette troupe est là : lier les failles du sérieux et du léger, faire cohabiter le sacré et le profane afin de soulever ces questions : comment vivre ensemble ? Comment vivre ? Et d'y répondre par l'acte performatif de ce théâtre. Brillant.


Jonathan Chanson - 26/06/2022

 
 
 

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