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Ivo Van Hove passe à côté d'un Bergman daté au Théâtre de la Ville

  • jochanson
  • 13 nov. 2023
  • 2 min de lecture

Ivo Van Hove revient au Théâtre de la Ville avec son adaptation d’Après la répétition et de Persona de Bergman. Avec une distribution inégale, le metteur en scène adapte les deux chefs d’œuvre du réalisateur et scénariste suédois avec de belles trouvailles, mais il peine à proposer une justesse de jeu et une modération scénique qui auraient été bienvenues.


Et de fait, les acteurs, tous munis de micros, tombent dans les affres de la voix détimbrée et s’expriment toujours sur le même mode, avec les mêmes mélodies. Ils exhibent leurs facilités et ne sont pas à la hauteur des nuances qu’imposent les scénarios. Charles Berling ânonne un texte sans relief dans Après la répétition et Justine Bachelet se repose sur son phrasé original pour assurer la tenue de Persona, en vain. Notons, dans ces écueils, les belles performance d’Emmanuelle Bercot et d’Elizabeth Mazev, cette dernière malheureusement sous employée dans le diptyque.




Difficile de comprendre l’intérêt de cette reprise, tant les textes paraissent anachroniques à l’ère post meetoo. Les relations hommes/femmes qui y sont relatées sont plus que datées et relèvent plus de l’anecdote que d’une peinture sociale digne d’intérêt. Rien n’est fait pour sauver le personnage du directeur de théâtre : vieux libidineux, il s’enfonce dans la condescendance, si bien que l’attrait de la jeune comédienne pour lui met mal à l’aise, comme leurs ébats dignes des pires étreintes théâtrales. Il est plus question de pastiche raté que d’accusation salvatrice. Bergman loupe avec Après la répétition ce qu’il avait réussi avec Scène de la vie conjugale. Et cela sans compter la suffisance d’Ivo Van Hove et de ses acteurs.


Quant à Persona, l’échec est plus en demi-teinte. Si le jeu d’Emmanuelle Bercot sauve la proposition, le parti pris d’Ivo Van Hove d’une dissection des corps et des intellects dans un décor clinique, vide et froid, ne parvient pas à révéler toute la puissance du film, laquelle repose avant tout sur la ressemblance entre Liv Ullmann et Bibi Andresson. Ici, à part un bel effet scénique au milieu de la pièce, la relation soignante/soignée tombe dans un monologue accessoire. On assiste là, à un exercice de conservatoire un peu loupé, sauvé par la scénographie osée du metteur en scène belge. C’est au final ce que l’on retient : le constant talent d’Ivo Van Hove pour le spectaculaire.


Jonathan Chanson


Crédits photographiques : © Vincent Berenger

 
 
 

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