top of page
Rechercher

Le songe dans la lune d’Emmanuel Demarcy Mota vise presque juste au Théâtre de la Ville

  • jochanson
  • 2 févr. 2024
  • 2 min de lecture

Emmanuel Demarcy Motta monte au Théâtre de la Ville un Songe d’une nuit d’été d’une grande féérie, à coup de multiples effets visuels. Faute d’une vision globale de la pièce, le metteur en scène se réfugie dans une scénographie grandiose, qui ne suffit pas, la plupart du temps, à porter la pièce dans son ensemble.



Le décor est époustouflant. Une forêt d’arbres immenses se déplace sur scène tout au long de la pièce, baignée d’une lumière de clair de lune, figurant une nuit enchantée où tout est mouvant : amours changeants au rythme de fleurs magiques qui agissent comme des filtres, sortes de jeux d’amour et de hasard drapés dans le flou nocturne d’une intrigue simple et efficace. En parallèle de ces amours contrariés, une pièce de théâtre se prépare pour les célébrer, à l’issue d’une nuit où les fées tirent les ficelles des cœurs.


L’ensemble de la proposition tend vers un théâtre populaire, accessible au plus grand nombre, qui séduit par ses effets fabuleux. Mais si la dernière scène révèle la maitrise totale d’un théâtre pauvre qui mise sur les trouvailles de jeu, la pièce dans son ensemble semble confondre théâtre pour tous et primauté du visuel sur le jeu. Les acteurs peinent à trouver du relief, de l’inventivité et un rythme, ce qui rend le tout parfois ennuyeux.


Emmanuel Demarcy Mota a placé son Songe d’une nuit d’été dans un rêve merveilleux et sombre, choisissant, à la manière d’un Labiche, de draper sa pièce dans les linges d’un cauchemar latent, laissant la mécanique de jeu propre à un Feydeau se noyer dans une impression de danger permanent. Tout cela avant de changer de point de vue pour la dernière scène, d’une grande finesse et absolument irrésistible. Pourquoi ne pas avoir traité le reste de la pièce de la même façon ?


Emmanuel Demarcy Mota avait déjà montré dans Six personnages en quête d’auteur qu’il maitrisait l’art du théâtre dans le théâtre et confirme avec la dernière scène de ce Songe d’une nuit d’été ses qualités de metteur en scène inventif et ludique. Les tapis orientaux figurants la scène finale rappellent les décors simples d’un Peter Brook, le jeu hilarant des comédiens également. Gageons que le reste de la pièce gagnera en rythme et en trouvailles scéniques et que ce Songe pourra prétendre aux grandes ambitions d’un théâtre populaire exigeant, « élitaire pour tous » selon les vœux d’Antoine Vitez, principe souvent formulé mais rarement réalisé.


Jonathan Chanson - Janvier 2024

 
 
 

Comments


bottom of page