top of page
Rechercher

Marianne Mispelaëre marque de son empreinte The Caring Gallery

  • jochanson
  • 14 sept. 2022
  • 2 min de lecture

Une dizaine d'artistes est exposée à la galerie d'art The Caring Gallery du 12 au 22 septembre 2022 sous le simple titre de « Multiples ». Le propos de l'exposition se veut universel, social et inclusif. Marianne Mispelaëre, dont on peut lire un portrait sur ce blog, présente ici un travail sensible, tout autant poétique que philosophique.


L'œuvre de l'artiste se compose de trois diptyques. Chacun montre des photos, l'une d'une main recouverte d'encre, l'autre de l'empreinte de cette main sur du papier. De gauche à droite, l'empreinte se fait de plus en plus faible pour ne plus ressembler, dans le dernier diptyque, qu'à de minces segments évoquant les traces d'un tableau de Cy Twombly. L'artiste a imaginé ce travail après avoir vue l'image d'un migrant ayant brulé ses empreintes avec l'espoir d'échapper, par ce geste désespéré, aux contrôles d'identité policiers.


Le geste de Marianne Mispelaëre nait, comme souvent avec elle, dans la performance. Des performeurs ont tracé sur leurs mains des lignes au stylo Bic et les ont transférées sur une feuille. Ainsi s'inscrit dans le temps ce désir d'anonymat inspiré par l'acte extrême du migrant. Mais ici, l'effacement identitaire est double : si l'effacement des lignes d'une main se fait dans le recouvrement de cette dernière, c'est bien une feuille sans encre, blanche, qui est garante d'une identité vierge.


Les lignes noircies, qui s'inscrivent dans le processus de dévoilement et d'effacement d'un nom, d'une personnalité, d'un être, racontent également la tentative de définition d'une langue étrangère, faite d'idéogrammes. Cette constante dans le travail de l'artiste plaide pour l'impossible disparition du signe identitaire dans l'acte du migrant. Même l'annihilation apparente de soi révèle encore une identité, ici gravée et comme fixée pour mieux se souvenir et réhabiliter une personne.


Plus l’unique s'efface, plus il se pare d'un langage, de signes distinctifs. Par la performance et par la saisie langagière et plastique d'une identité en mouvement, Marianne Mispelaëre rend aux milliers d'anonymes ayant quitté les lieux de leur être au monde l'idée de la certitude d'un soi-même qui persiste. L'artiste avait montré au Palais de Tokyo le spectre de monuments réduits en ruines sur lesquels était projetée une langue des signes imaginaire : ici aussi le signe luttait contre l'effacement, il y avait déjà une langue, quand bien même à la marge, capable de faire perdurer ce que l'on pensait perdu, une mémoire apparemment disparue.


Jonathan Chanson 14/09/2022

 
 
 

Comments


bottom of page