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Pina Bausch au Théâtre de la Ville : danser sans raison

  • jochanson
  • 6 mai 2024
  • 2 min de lecture

Le Théâtre de la Ville présente dans sa salle Sarah Bernhardt Sweet Mambo, antépénultième spectacle de la légende Pina Bausch. Le spectacle fut joué en 2009 au même Théâtre de la Ville, en présence de la chorégraphe, quelques mois avant sa mort.



Le plateau est nu. De grands voiles blancs descendent des cintres en fond de scène. Par moment, d’autres voiles viennent occuper une partie du plateau, véritables partenaires de tissus de danses poétiques et douces. La pièce est construite sous la forme de divers numéros, parlés ou dansés, à l’humour parfois absurde. Ces numéros donnent à l’ensemble des airs de cabaret dont la visée serait celle d’un manifeste féministe. Les hommes sont tournés en ridicule et les femmes brillent dans des solos magnétiques, habitées du vocabulaire de la chorégraphe, à mi-chemin entre l’évocation théâtrale et le geste pur.


Il peut paraitre prétentieux de donner des leçons à Pina Bausch mais force est de constater que la pièce est trop longue. 2h10 au plateau entrecoupés de 20 minutes d’entracte : le tout aurait pu faire une heure et éviter des scènes accessoires trop nombreuses. Les cellules de jeu théâtral sont le plus souvent inintéressantes. A contrario, certains solos dansés tutoient la perfection et mériteraient un écrin resserré pour transcender un ensemble éblouissant.


Tout cela est d’autant plus dommage que les danses sont littéralement taillées dans un diamant pur. Il y a là la plus simple expression de la poésie : juste ce qu’il faut d’expressionnisme théâtral et d’abstraction dansée. Les mouvements se figent dans leur rôle de signifiants tout en évoquant des discours éthérés. Ici, l’expression parfaite du Tanztheater et, plus généralement, d’une danse au sommet de son art : combattante et joyeuse, contemplative et discursive. Les bras déliés répondent aux corps sensuels, les jeux du sens se perdent dans l’allant des mouvements sans raison. La danse est un amour vitaliste, une vie pleine et réelle. Et cette danse incroyable mérite bien un écrin qui n’accepte aucune scorie malvenue, aucune saynète ennuyeuse.


Jonathan Chanson - Mai 2024


Sweet Mambo. Mai 2024. Pina Bausch. Théâtre de la Ville. Paris.


Crédits photographiques : © Evangelos Rodoulis, Oliver Look

 
 
 

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