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Zoe Leonard au Musée d’Art Moderne de Paris : tout s’écoule

  • jochanson
  • 31 oct. 2022
  • 1 min de lecture

Zoe Leonard présente au Musée d’Art Moderne de Paris une série de photographies prises le long du Rio Grande, entre Mexique et États-Unis : Al río / To the River.



À la manière de Monet et sa cathédrale de Rouen, la photographe immortalise plusieurs moments d’un même cadrage. On voit un homme, une voiture ou un cheval qui avance, pris à trois moments distincts mais proches. Le temps est palpable. On se met à voir au travers des yeux de ces personnages sensibles, l’autre paraît dans sa plus tendre altérité. L’eau s’écoule et, selon la phrase d’Héraclite : on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Chaque moment passé donne lieu à une empathie puissante et pousse à se projeter dans le moment d’après.



Les êtres et les paysages sont porteurs d’une certaine tristesse, celle qui nous prend devant l’inédit, devant ces arbres inconnus, inquiétants et merveilleux, qui nous appartiennent désormais mais ne font résonner aucune histoire. À nous, ces étrangers, ces montagnes, ces roches, ce fleuve, cette barrière, nous imposent une certaine responsabilité, pesante et merveilleuse : marquer de notre humilité la saisie de ces vues, sentir le vivant qui passe et qui vit, se faire petit devant le pari de la sympathie. Zoe Leonard choisit ces photographies, guide le regard dans des zones désaffectées, des frontières marquées d’inhumanité, elle est presque démiurge de ces vues uniques, solitaires et fixées dans l’existence à naître. La photographe dispose les paysages comme autant de vies sourdes et habitées et donne, en définitive, une direction à l’eau.


Jonathan Chanson 31/10/2022

 
 
 

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